Du sol provenaient d'horribles miasmes
Du sol où nous posions les pieds, provenait une odeur tiède de décomposition et d’oeuf pourri. Ces horribles miasmes nous attaquaient jusqu’à la gorge. Le foulard que l’on portait sur le visage n’arrivait pas à atténuer cette sensation d’étouffement, comme si ces émanations putrides en voulaient à notre peau.
Je me souviendrais toute ma vie de cette marche. Nous devions nous rendre en Bretagne depuis Lille où nous avions fuit les bêtes irradiées qui devenaient de plus en plus nombreuses. Le pont que nous devions utiliser pour franchir la seine avait simplement disparu, il ne restait que quelques blocs de béton de parts et d’autres du fleuve. Nous avons dû remonter jusqu’à trouver un viaduc encore debout non loin de Paris. Quelques kilomètres après le viaduc, nous avons rencontré des marécages qu’on ne connaissait pas. Au bout d’un kilomètre, nous avons rencontré des cadavres. Des petits tas de centaines de cadavres, dont il ne restait déjà plus grand chose. Ils s’enfonçaient lentement dans la vase. Plus loin encore, il ne restait que quelques os à la surface, le marécage avait déjà absorbé le reste.
Le sol était d’une consistance spongieuse, mais le lit de cadavres qui s’était formé juste sous la surface permettait d’avancer assez rapidement. Le bruit des os qui se brisaient sous nos pas était effrayant, mais au bout de quelques heures nous n’y fîmes plus attention. Nous avons dû hâter notre marche quand la nuit commençait à tomber, à cause des "mutants" qui peuvent apparaître le soir. Finalement nous sommes parvenus à camper un peu plus loin dans un immeuble que nous avons barricadé. Et nous sommes arrivés sans trop de souci jusqu’à Rennes, mais je n’oublierais jamais le bruit et l’odeur des corps décomposés sous nos pieds…