Le pessimisme
Le pessimisme était le fer de lance de Mathieu. Il adorait les idées sombres et le désespoir. Peut-être espèrait-il que tout ne fut pas aussi noir qu’il aimait le prétendre. Le problème c’est que l’odeur putride des cadavres tendait à vouloir lui prouver le contraire. Des dizaines d’années plus tard, les marécages, remplis de morts chariés par les marées, empestaient toujours autant. C’était insupportable. On avait encore des masques, mais depuis le temps, leur utilité était devenue négligeable.
Enlisé dans quarante centimètres d’un mélange de boue, d’algues et d’organes, il pestait contre le mauvais temps. Le vent radioactif du sud-ouest soufflait fort. Et avec lui cette sensation d’attraper continuellement des coups de soleil alors qu’il fait près de zéro degrés. Dans son sac à dos, il transporte un peu de vivres et la tête tranchée de sa soeur. Il la ramène au tombeau familial. Une bande qui passait près de chez elle avait décidé de tout piller. Et de s’attaquer à elle par la même occasion.
Soulevant difficilement ses pieds du bourbier, il continuait son chemin. Un peu plus loin, en croisant le panneau "Montpellier" attaché en haut d’un arbre, il compris qu’il se rapprochait de la maison de ses parents. Il marmonna.
"Le sud de la France c’est plus ce que c’était."